Les zones grises de la loi (PV Rachel Mac Gowan)

Il fallait bien l’avouer… Mr. I. Wantmore avait un sens de l’humour assez étrange. Il voulait donner un petit travail à une hacker bien connu des milieux plus obscurs et en même temps… Il cherchait par ce petit boulot à la faire disparaître de la surface de la terre. La considérait-il comme une menace potentielle à ses plans? Allez savoir, nous partagions le même corps et pourtant, des pans entiers de sa logique semblaient m’échapper totalement. Ce que je savais, c’était que le boulot d’enquête que j’étais supposé lui proposer la mènerait, selon toute vraisemblance, là où mon diabolique double pourrait l’éliminer à loisir et sans dérangement. Pourquoi ne pas la faire éliminer simplement en pleine rue s’il la trouvait si dangereuse, si dérangeante? Allez savoir. La logique de cette sombre entité semblait hors de ce que le commun des mortels considérait comme tel, comme si les faits établis avaient un je ne sais quoi d’incongru pour lui… Enfin bon, j’évitais sagement de remettre en question le jugement de Mr. I. Wantmore pour des raisons évidentes de survie… Ce qui fait donc que j’avais contacté cette jeune femme de façon très polie et dans les règles de l’art, autrement dit d’une façon si classique qu’il fallait être le dieu des paranos pour trouver la chose suspecte. Dans le monde des affaires, on recrute le talent, qu’il soit d’origine légale ou non, cela n’avait donc rien d’irrégulier… À moins d’être un ardent défenseur de la justice avec un grand J, celle sans taches et sans corruption, une utopie donc…

Ceci dit, l’invitation ayant été lancée, il fallait maintenant s’armer de patience et attendre que cette jeune femme se présente ici, dans mon bureau. Pour être bien sûr et certain que cette jeune personne e joue les fouineuse, j’avais fais disparaître les traces me reliant à mon double ténébreux par un moyen tout simple : J’avais remplacé mon ordinateur par un autre tout neuf. Si elle jouait à fouiller l’ordinateur à mon insu… Elle ne trouverait que les choses en rapport à mes industries. Précautions, disait toujours monsieur I. Wantmore. Et en bon élève, j’appliquais ce qu’il me suggérait toujours de faire. Après une série de rencontre jusqu’ici assez instructive certes mais potentiellement dangereuses, il m’avait fallut prendre certaines mesures pour éviter d’attirer l’attention de trop de personnes de trop de camps différents en même temps… La prudence était une notion bien présente chez moi mais parfois elle avait tendance à devenir bien floue…

J’étais en train de consulter un dossier tout en écoutant « le Printemps » de Vivaldi quand le téléphone de mon bureau sonna. Hélène, ma secrétaire, m’annonça que quelqu’un demandait à me voir sans toutefois me donner son identité. Je lui donnai donc l’autorisation de la faire monter. Après tout… À moins de pouvoir éliminer sans bruit tous les gardes de sécurité de l’étage, il y avait bien peu de moyens pour m’atteindre sans que je ne me rende compte que quelqu’un approchait de mon bureau… Depuis les tréfonds de mon esprit, Mr. . Wantmore désapprouva fortement. Je prenais des risques et il détestait cela. Moi… Cela me faisait sourire. Mon froid et calculateur ami détestait les imprévus et cette personne non identifiée ne le rassurait pas. On frappa à ma porte et j’appuyai sur le bouton commandant leur ouverture automatique.

*J’espère que tu sais ce que tu fais… Tu sais à quel point ce serait infortuné que tu ouvres ta porte à un assassin en pensant justement que cet endroit te protégerait d’ennemis éventuels… Je n’aime pas quand tu joues de la sorte avec nos vies… *

Pour toute réponse, je regardai la personne entrer dans mon bureau et… J’attendis, quoi d’autre. Qu’elle se présente, qu’elle prenne la parole ou autre chose, que pouvais-je en savoir…