L'Étranger et l'Étrangère (PV Malicia)

En cherchant bien, on pouvait trouver au sein d’une ville aussi grande que New York des endroits où les choses les plus étranges passaient totalement inaperçues et où les plus horribles passaient pratiquement pour normales. L’humanité pouvait réaliser les meilleures et les pires choses et le mutant millénaire se demandait qui était le plus monstrueux du lot : celui qui agissait de façon inhumaine car son milieu le lui forçait pratiquement à le faire ou celui qui avait été l’architecte de la création de ce milieu malsain? La société avait le tour de blâmer ce qui était évident d’Apparence mais tellement plus complexe en coulisse… Une des premières choses qu’avait fait le mutant en arrivant à New York avait été justement de repérer un tel secteur et de s’y établir : ici, les gens ne lui faisait pas grand problèmes et en fait, ils cohabitaient avec le nouveau venu qu’il avait été. Son savoir encyclopédique combattait l’analphabétisme de l’endroit et ses pouvoirs la maladie et les problèmes de santé. Si quelqu’un cherchait à le voir, il suffisait de demander à voir l’Étranger. Le mutant millénaire n’avait pas de nom à proprement parler et il ne révélait pas son surnom facilement. Plusieurs auraient pu être tentés de le croire naïf puisqu’il donnait sans jamais rien demander en retour mais penser ainsi c’était bien mal connaître la nature profonde de l’entité qui résidait de façon aléatoire dans le quartier. Il ne donnait pas vraiment, il ne faisait qu’utiliser intelligemment ses pouvoirs et son vouloir. De plus, même s’il n’avait pas transformé en havre de paix ce lieu qui lui servait de refuge quand il voulait disparaître du regard des masses imbéciles, il avait quand même aidé à rendre la vie moins misérable : moins de meurtre, moins de viols, moins de problèmes en tout genre… « L’Enfer », comme les gens de la haute société aimaient appeler le quartier, s’était considérablement transformé au fil du temps passé par le mutant millénaire dans ce dernier… Ironiquement, si on avait à lui attribuer le début des travaux pour son utopie, ce n’était pas avec les plus grands penseurs qu’il avait commencé le travail amis avec le fin fond du baril… La créature venue du fond des âges avait beau ne pas aimer les humains qu’elle jugeait comme un maillon inférieur dans la chaîne d’évolution, sans toutefois discréditer leur génie, elle savait quand même apprécier leur volonté et leur sens de la détermination. Dans le concours des circonstances actuelles, rester fort dans la tourmente était un atout que les simples humains semblaient avoir mieux développé que leurs homologues mutants…

Mais bon, l’Étranger, après avoir passé une semaine à tenter de faire comprendre aux êtres humains de New York ce qui allait se produire dans les temps futurs, quand son utopie commencerait à prendre réellement forme, avait décidé de disparaître un moment pour oublier un peu l’imbécillité humaine. Il avait dû tuer plus en une semaine qu’il ne l’avait fait depuis plusieurs années déjà. Policiers, militaires, mercenaires, extrémistes… On avait tenté de l’arrêter ou de le tuer, sans grand succès, plus de fois qu’il ne désirait réellement s’en rappeler. Il avait été reçu en héros en revenant auprès de ceux qui lui avaient offert un refuge (dont il aurait pu s’emparer par la force selon son bon plaisir mais ce n’était pas son genre) qui avaient vu en ces paroles le début de temps nouveaux… Bon, ils avaient bien comprit qu’hélas le règne des humains ordinaires était voué à prendre fin mais pour ces gens plutôt simple qui n’avait jamais eu de pouvoir sur grand-chose, qu’est-ce que cela pouvait bien faire? L’Étranger était là, parmi eux et il continuait à leur apporter aide et savoir, pourquoi se soucier de choses qui ne les concernaient pas réellement? Pour eux, sans être fatalistes, l’Extinction était sans doute mieux à ce milieu malsain dans lequel ils vivaient et ce même si leur « protecteur » faisait bien des efforts pour rendre les choses plus tolérables… Ce dernier pouvait faire bien des choses mais il ne pouvait pas tout faire non plus… Être un mutant de niveau Oméga ne veut pas dire être un dieu sur terre non plus, quoi que puisse en penser bien des gens… Il fallait accepter ses pouvoirs et les utiliser intelligemment, une chose que le mutant millénaire n’avait jamais cessé de faire tout au long de son existence…

Tien justement, puisqu’elle était de retour dans le quartier, qu’avait donc fait la créature venue de temps immémoriaux pour aider les gens du quartier? Du ménage, rien de moins. Quel genre de ménage? La collecte des déchets radioactifs, toxiques et biologiques que les grandes industries venaient déposer aux abords du quartier pour ne pas payer les prix élevés demandés par les usines de traitement des déchets spécialisés. Ceux qui pensaient que fréquenter de très près ce genre de déchets contribueraient à leur accorder pouvoirs et mutations se trompaient lourdement : combien de personnes le mutant avait-il dû traiter pour les guérir d’un empoisonnement par radiations ou d’autres problèmes du genre? Une quantité plus que suffisante pour le décider à faire une annonce dans tout le quartier comme quoi il fait savoir faire la différence entre les rumeurs et les faits… Après avoir obtenu un entrepôt de la part des gens du quartier, il avait fait un centre d’entreposage au mieux de ses capacités pour ces matières dangereuses et il avait décontaminé le plus possible les zones contaminées dans le quartier pour permettre aux habitants de l’entrepôt de se trouver un autre logement. Un coup pareil lui avait valu bien des vivats mais bon, il ne cherchait ni gloire ni récompense, seulement un monde meilleur à offrir aux gens de ce monde… Quand on avait son bagage, aucune babiole aussi onéreuse soit-elle ne savait vous faire plaisir ou avoir grande importance à vos yeux…

Le soir venu, le mutant millénaire était allé dans le bar le plus chic du quartier, un endroit qui par comparaison ressemblerait à peu près à un bar typique de New York et, ironiquement, l’endroit le moins dangereux du quartier. D’ordinaire, quand l’alcool coulait à flot, la racaille sortait pour aller boire mais pas dans ce bar. En fait, depuis l’arrivée du mutant millénaire, c’était davantage les gens qu’il éduquait qui fréquentait ce bar, discutant souvent en petits comités des mesures à prendre pour aider le quartier. Campagnes de nettoyages, tutorat et enseignement à domicile, collecte de matières recyclables pour amasser un peu d’argent pour aider les gens du quartier, organisations d’activités plu s culturelles pour les jeunes… Pour des gens sans éducation ou presque, sans spécialistes ou professionnels, il fallait admettre que ces gens là savaient faire des choses et accomplir des miracles là où le simple diplômé ne le pourrait. Le pire quartier de New York était en train de se métamorphoser et le manque de richesses et de ressources ne semblait pas pouvoir renverser la vapeur. Tant que l’Étranger serait là pour les guider et les aider, «l’Enfer » continuerait sa lente transformation vers une sorte de paradis… En fait, comme il l’avait souvent répété, il n’avait fait que prendre la main de ces gens dans le besoin : le savoir et la volonté était déjà bien enfoui en eux… Les simples êtres humains avaient eux aussi des pouvoirs, en quelque sorte, moins spectaculaires et époustouflants que ceux des mutants mais bon, il fallait savoir accepter ce que l’on avait et le chérir plutôt que d’envier ce que l’on ne possédait pas. C’était d’ailleurs une des leçons les plus dures à assimiler que l’Étranger leur avait enseigné : habitués à s’entretuer pour obtenir ce dont ils avaient besoin, enrayer au maximum la violence avait été toute une affaire et encore à ce jour, elle était encore présente bien que moins présente et très certainement moins influente sur la pensée des habitants du quartier. C’était un succès duquel le mutant millénaire était extrêmement fier et il continuait à persévérer en ce sens pour continuer à changer les choses.

Mais bon, nous nous écartons du fait que l’Étranger était allé le soir venu dans le bar le plus chic du quartier. Pour boire? Oui, certes, mais davantage pour imiter les humains que par nécessité. Pensez-vous réellement qu’une entité ayant passé des années en Antarctique à des kilomètres sous la glace et la roche avait besoin de boire, manger, dormir ou même respirer? Allons donc, il imitait parfois ces actions pour le principe, pour montrer aux autres qu’il n’était pas si différent mais sinon, ce n’était que futilité pour lui. Ce soir là, il était assit à une table en train de boire et donnait l’impression à ses « protégés » d’être en train de prendre du bon temps. Ah ça, prendre du bon temps, c’était quelque chose que les habitants du quartier chérissaient, avoir ne serait-ce que quelques minutes de calme plat et de tranquillité… à bien y penser, ils commençaient à l’Avoir de plus en plus, personne ne se risquant à venir dans « l’Enfer » de New York même depuis la mutation qui continuait de se produire en son sein. Comme le faisait souvent remarquer « L’Étranger », tant que le quartier ne commencerait pas à faire circuler de grandes quantités d’argent, les gens ne leur accorderaient pas grande attention. Au début, cela les avait étonné quand leur protecteur leur avait dit de ne pas précipiter les choses pour obtenir de l’attention positive des gens de la ville mais ils avaient vite comprit que cette attention qu’ils désiraient risquait de venir envahir leurs vies et ils seraient regardés comme des bêtes de cirque, « les pauvres diables de « l’Enfer » de New York luttant pour s’extirper de la fange dans la quelle ils vivaient… » Les médias seraient impitoyables avec eux et on tenterait de les ridiculiser pour les démoraliser. Après tout, ce ne serait pas la première fois que le mutant soit témoin d’une telle chose… Et donc sus ses conseils, on avait décidé de commencer à travailler de la base vers le haut, à régler les problèmes urgents avant de tenter de se placer sur une carte touristique…

Malgré l’heure relativement tardive, il y avait peu de personnes dans le bar et l’atmosphère était plutôt détendue, décontracte, calme et tranquille, pour autant qu’une atmosphère de bar puisse adopter ces éléments comme critères. Il y avait des conversations de ci de là mais personne ne faisait attention à « l’Étranger », assit seul, à sa table dans son coin. En fait, ce fut tout juste si le barman réagit quand la porte de son établissement s’ouvrit, livrant passage à un nouveau venu ou une nouvelle venue. Cela fit lever de son verre les yeux du mutant millénaire qui posa les deux lueurs d’un bleu lumineux qu’était son regard sur la personne venant d’arriver, son visage complètement dissimulé par son capuchon et son masque. C’était une chose qu’il ne faisait jamais : enlever se découvrir. On ne voyait pas un centimètre carré de sa peau et même si on tentait de discerner autre chose que les lueurs de son regard, on ne voyait même pas les contours de son visage ou quoi que ce soit de bien significatif… Cela avait tendance à en incommoder plus d’un mais le mutant n’avait pas l’intention de se découvrir pour rassurer les angoisses d’un tel. Enfin bref, il regardait donc la personne venant d’arriver, se demandant de qui il s’agissait. Cette présence était différente de ce que laissait ressentir les habitants du quartier… Un étranger ou une étrangère donc… La question était : que venait faire cette personne en ce lieu? Elle était mieux de ne pas chercher les ennuis en tout cas… Sinon cela risquait de très mal finir…[/i]